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| Notes pour trop tard. | |
| | Auteur | Message |
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Dorian Macmillan
Messages : 16 Date d'inscription : 28/02/2018 Age : 34 Localisation : Perdu dans l'Abysse
| Sujet: Notes pour trop tard. Sam 16 Juin - 6:28 | |
| Notes pour trop tard. Introduction au récit d'un invité des mondes Bon... Je n'ai vraiment pas l'habitude de faire ça. Mais apparemment c'est un peu de mise dans les mondes. Il faut dire que nerveusement et émotionnellement, ce n'est pas toujours évident à gérer. Donc je commence ce "journal intime." ... Arf. Je préfère dire "Journal de bord". Ou "Carnet de voyage". Oui, quelque chose comme ça. Cela sied mieux à l'idée des mondes et à ce que je vais narrer ici. Mes récits seront un peu en bataille, parfois. Et parfois je soignerai un peu plus la présentation. Je pense noter des choses sur le moment mais aussi sur des temps plus calmes, en faisant un effort de mémoire. Des notes. Oui, c'est ça. Des notes de ce que j'ai vécu. Des notes pour trop tard. Peut-être y joindrai-je quelques croquis. We'll see. Ah oui. J'oubliais presque: Je m'appelle Dorian Macmillan. Lord Dorian Macmillan. J'ai 27 ans, 28 dans moins de deux mois et je viens du comté d'Inverness d'où je suis le Lord propriétaire d'un certain nombre de terres, qui me reviennent de droit au nom de la Couronne. Ha! Je sais, ça fait un peu officiel et bouffi d'orgueil. En fait, c'est surtout pour montrer que d'où vous venez et qui vous êtes importe peu dans les mondes. Si quelqu'un lit un jour ceci, tu t'en rendras bientôt compte. Par soucis de compréhension je vais écrire en français. En temps normal j'aurais plutôt écrit dans ma langue natale (l'anglais, pas le gaëlique, bien évidemment.) Seulement, j'ai remarqué que tous les invités du Faiseur parlaient français pour une raison ou une autre, peu importe leur origine. Ainsi, je suis sûr que celui ou celle qui lira ces mots les comprendra. Ce carnet débute le 12 Juin 2018, date de Midgard. Mais ici, à Herculanum, et à l'heure où j'écris ces premières lignes, nous sommes le 11 Octobre 79 ("après Jésus Christ"), à plus d'une dizaine de jours à peine de l'éruption du Vésuve, qui surplombe la ville et va ravager toute le partie Est de la Campanie, alors que nous tenterons de fuir vers Naples par la mer. Si nous avons de la chance. Et il est aux alentours de 22h. Difficile d'être plus précis. J'ai acheté ce carnet à Miami, après avoir vu l'utilité qu'on pouvait avoir d'un support d'écriture permanent, ici, dans les mondes. (Merci Charlie, bien que tu l'ignores.) J'ai aussi acheté un stylo à bille, ainsi qu'un crayon, une gomme et un taille crayon. Mais comme tu le vois, pour l'heure, j'écris à l'encre. On ne trouve pas beaucoup de parchemins, c'est un support réservé aux riches, dans ce monde, et ici je ne suis qu'un simple soldat de la cohorte urbaine, un garde, si tu préfères. Par conséquent l'encre aussi est assez chère. Mais j'ai une solde tout de même, et puisque je ne la dépense pas en putains et en boisson dans l'établissement de Charlie (aussi réputé soit-il), j'avais assez pour me payer de l'encre malgré son prix assez élevé. Ça fait un peu cliché, mais c'est pourtant une fatalité : j'écris actuellement à la lumière d'une bougie. Ou plutôt d'une lampe à huile. Autant les Romains mettent du miel avec tout ce qui se mange ou se boit, autant la cire d'abeille, c'est quelque chose qui leur semble assez étranger. Ironie. Je vais dans ces notes raconter mon expérience dans les mondes, en essayant de respecter l'ordre chronologique. Si celui qui lit ces lignes est assez avisé, il saura tirer parti même des informations personnelles que j'y glisserai. Et à titre personnel, ces notes me serviront à me souvenir, pour essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs. Ça veut aussi dire que des erreurs j'en ai fait et en referais sans aucun doute. Je ne suis qu'un homme, après tout, et arrivé depuis peu, qui plus est. J'ai encore beaucoup à apprendre. Voilà pourquoi "notes pour trop tard". Cependant j'espère que ce ne sera pas trop tard pour toi qui lis ces lignes.
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| | | Dorian Macmillan
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| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Sam 16 Juin - 8:04 | |
| Drôle de jeuComment suis-je arrivé dans les mondes? C'est une question que je me suis souvent et longtemps posée. Et je ne suis sûr encore de rien, ou plutôt je ne me l'explique pas réellement. C'est quelque chose de particulier que de s'endormir un soir, après une journée tout à fait banale à vos yeux, l'amour de votre vie dans les bras en vous disant que demain ne pourra être que parfait, et de vous réveiller soudain dans une salle inconnue, qui sent le parchemin et la moisissure légère, cette odeur d'ancien, avec en face de vous, bien vivante et loin d'être grabataire, une actrice mondialement connue dite trop malade depuis plus d'un an pour même apparaître furtivement dans les médias. Et à côté de vous un mec aux allures de gamin que vous ne connaissez ni d'Ève ni d'Adam mais qui n'a pas l'air d'avoir sa place dans le tableau. Et là on vous parle de magie, d'entité créatrice, de mondes... Moi je n'y ai pas cru. Ou plutôt j'ai cru qu'après une soirée bien arrosée, j'avais eu un blackout et que je me réveillais là pour une sorte de jeu de rôle grandeur nature organisé par je ne sais quel noble excentrique comme j'en avais déjà croisé. La première personne que j'ai rencontré dans les mondes, avant même d'avoir bien repris connaissance, d'être capable d'articuler, avant même d'entendre parler des mondes ou de tout autre chose, c'était Charlie qui me proposait du thé. La belle Charlie en robe de princesse Asgardienne. Je m'en suis méfié instinctivement mais elle avait déjà quelque chose qui attirait ma sympathie. Elle avait ce sourire mutin et cet air intelligent, assurée dans ses paroles comme dans ses gestes. Si j'avais cru aux mondes à cet instant, mon instinct m'aurait déjà crié que je devrais lui parler, qu'elle me serait utile. C'est le cas. On ne s'entend pas toujours à merveille parce que nous avons tous les deux un sacré caractère, mais c'est une alliée précieuse et une amie qui m'est chère. Plus qu'elle ne peut s'en douter. La deuxième personne que j'ai rencontrée, je ne le savais pas encore, mais il serait un poids dans les premiers temps. Un gosse zonard affalé dans un fauteuil l'air en plein trip de cannabis. Petit asiat décoloré blond platine, des cernes plus violettes que le napel, typiquement le gosse-adulte qui joue devant un écran toute la journée. Musclé, certes. Mais pas des muscles fais à l'exercice d'une activité utile, rien qu'il ne sache faire vraiment que pousser la fonte. Ça se voyait. Et quand il est redescendu du trip que lui avait balancé ce premier passage dans l'Abysse, il avait l'air à moitié halluciné, moitié crédule de tout ce que lui racontait Cha. C'était Kuro. Je reparlerai de lui sous peu.
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| | | Dorian Macmillan
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| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Mer 20 Juin - 6:01 | |
| 13 Octobre 79, 21h Donc en toute logique 14 Juin 2018, mais qui sait vraiment? Toujours Herculanum. Premiers joursEn fait, je n'ai pas grand-chose à dire ici. Je suis arrivé dans une période d'entre-deux mondes, c'était donc une période calme. Mais pour moi, c'était un bain de foule dont je ne reconnaissais aucun visage. Heureusement pour moi, la foule j'y suis habitué, et loin d'être timide, je me suis éveillé le lendemain de mon entretient avec Charlie et dès l'après-midi je faisais déjà connaissance avec la majorité des invités présents. J'ai tout de même retenu quelques noms et visage dès les trois premiers jours : • Maël, le premier à m'avoir parlé ce jour-là. Un grand gars sympa à l'air dynamique, dread et barbichette. L'ami de tout le monde, c'est aussi flagrant que si on lui avait collé un post-it sur le front pour le dire. • La deuxième personne, qui me dit immédiatement quelque chose sans que j'arrive tout de suite à déterminer pourquoi, c'était la timide Charline. En fait, et je ne comprends toujours pas comment ça avait pu m'échapper à ce moment, elle était le portrait craché de Charlie en timide et pas aussi entretenue. • La pulpeuse Jaden, adorable. Je ne l'ai pas beaucoup recroisée mais j'aime sa compagnie. • Hayate, l'androgyne teigneuse, une enfant perdue dans un corps d'adulte. • Hyun-ki, le jeune coréen fan de jeux vidéo. Il dessine super bien. • Elias, le "papa" du groupe, sympa avec tout le monde, fait des blagues graveleuses. • Rajev. L'homophobe à la chèvre. Pas besoin d'en dire plus. Ah si: misogyne. • Kuro, réveillé trois jours plus tard. Toujours cet air de gosse paumé, mais plus dans les vapes. À côté de la plaque par contre... Et si naïf, pour mon plus grand profit. • Kath. Katherine Maria Linda Cavalcante. La nana cool, la "Mama", mon amie, complice, joueuse, taquine, féline. Kath. Compagne de beuverie et de déboires familiaux. L'Italienne du Bronx, et ça lui va si bien. Parait que je suis son ex-mari avec dix ans de moins, physiquement. Ça m'a fait marrer mais je n'ai pas osé lui montrer, le sujet Manu est sensible et elle est mon amie. J'ai encore des choses à écrire mais on vient de m'apporter un billet. Un mot d'Ismaël. [Le message est coincé dans la reliure. Un petit carré de papyrus griffonné à l'encre de Chine.] "Dorian, Une amie à toi vient d'arriver dans les mondes. Elle est dans la maison du Bicentenaire. Si jamais tu souhaites l'accueillir. Cordialement, F."
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| | | Dorian Macmillan
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| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Sam 30 Juin - 7:09 | |
| 16 Octobre 79, 18h. Je crois que nous sommes le 17 Juin 2018, sur Midgard, mais aucune garantie. On perd vite le compte... Versant Sud-Ouest du Vésuve, j'ai vue sur la ville, d'ici. J'aime bien ce lieu.
J'ai pris mon carnet mais comme tu le vois, pour une question pratique je n'écris pas à la plume et à l'encre cette fois, mais bien au stylo bille. Une enfant perdue dans une armure trop grande.Hayate. Je ne connais même pas ton nom. Encore une preuve qu'on est bien peu de choses, les mondes ne cessent de nous le rappeler. Tu mérites un chapitre ici, petit être fort et fragile. Une enfant perdue dans une armure trop grande. Armure que par deux fois j'ai brisée d'un simple souffle. Une fille androgyne au bord d'une piscine. C'est la première image que j'ai eu de toi. Sans ce bikini je ne saurais peut-être pas que tu es une fille, et ce serait peut-être mieux pour ce que tu tends à être. Mais fille ou garçon pour moi ça ne fait aucune différence, sache-le. Tu ne faisais pas la tête mais tu ne semblais pas ravie non-plus, au bord de cette piscine. Jolie à ta manière, ni femme ni homme mais un peu les deux, cette humeur étrange ne pouvait qu'être la tienne, elle t'allait si bien. Je crois que je ne suis pas beaucoup plus âgé que toi, pourtant, ne m'en veux pas de ça, je t'ai toujours un peu vu comme une enfant sans le vouloir. Ô Hayate... Si tu savais comme je m'en veux... Pourtant je ne m'excuserai pas. Jamais. Parce que toi non-plus tu ne t'excuseras pas, et au contraire, tu chercheras à te venger si nos chemins se recroisent. Mais je me suis excusé pour ça, au moins. Pour ce qui va suivre. Premier soir éveillé à la villa du Faiseur. Février 2018, donc. Nous avions joué tout l'après-midi à Smash bros, nous relayant pour les manettes. Il y avait Charline, Elias, Hyun, Maël, Kath et moi. Et toi. Et j'étais nul. Haha, dieu que j'étais médiocre. D'ailleurs je peux l'écrire au présent, je suis toujours aussi nul à ce genre de jeu! J'ai vite abandonné pour me contenter de regarder ceux qui s'y prenaient un peu mieux. Et j'en profitais pour te taquiner et tu me le rendais bien. Et j'aimais bien. J'aimais cet échange, je m'amusais et toi aussi, même si tu jouais la vexée, tu ne l'étais pas. Pas encore. Puis l'après-midi s'est transformé en soirée, Maël a préparé plein de trucs à grignoter, a sorti les bières. Il a le sens de la convivialité, ce Maël, un amour. Au fil de la soirée, les bouteilles vides se sont alignées mais nous restions rieurs, joviaux. Puis tu as proposé un action ou vérité hot. Pourquoi hot, je ne sais pas, tu devais vouloir prouver que toi tu n'avais peur de rien là où beaucoup sont gênés. Charline, qui était partie se coucher, est réapparue mais avec un invité surprise: ce bourrin de Rajev qui la tirait par le poignet. La blondinette était en pyjama licorne, c'était choupie comme tout! ♡ Et c'est un détail important! Tu as commencé, tu as voulu donner la première action ou vérité, et tu as désigné Rajev pour ça. Tu lui as demandé d'embrasser un homme - moi ou Maël. Ou peut-être que tu avais précisé Maël? Je ne sais plus trop... Toujours est-il qu'évidemment il a refusé et a commencé à s'énerver, refusant catégoriquement, alors tu lui as donné pour gage de fermer les yeux, tu as pris sa main, l'a passée contre ton entre-jambe. Et tu portais quelque chose, une sorte de gode ceinture ou je ne sais trop quoi qui devait te donner une certaine virilité. Puis quand il a ouvert les yeux tu m'as désigné, moi qui étais assis juste à côté de toi. Juste par jeu. Un jeu risqué, puisque le slovaque a commencé à s'énerver d'autant plus. Mais je n'ai pas pris la mouche, j'ai accepté et quand il m'a demandé action ou vérité, j'ai pris action pour le challenge. Il m'a demandé de me déshabiller entièrement, je ne portais encore que mon maillot, ne m'étant pas changé depuis la piscine. Je ne suis pas pudique, loin de là, mais je venais d'arriver et il y avait Charline, qui elle ne voulait vraiment pas voir un inconnu à poil. Alors j'ai dit non, ai demandé le gage. Il m'a demandé de mettre le pyjama licorne de Charline, ce que j'ai fait. Et c'était mon tour. Je voyais la féline Kath embrasser sa bouteille de jack d'un amour assoiffé. Elle commençait à s'endormir contre l'épaule du grand Maël alors c'est vers elle que c'est porté mon choix. Elle a pris action. Et là, j'ai eu le malheur d'avoir une des meilleures idées de ma vie: je lui ai demandé de te fesser devant nous tous. Elle m'a dit <<À la Mama! Ou à la "Mama"?>> J'ai choisi la "Mama", plaisantant que tu n'étais qu'une sale gosse qui méritait correction. Ce n'était qu'un jeu. C'était ton jeu. Tu as rouspété, elle s'est exécuté, on a ri, mais pas de toi, seulement de l'action en elle-même. Et ça aurait pu s'arrêter là, ou continuer en jeu. Ça aurait dû. Mais non. Tu étais vexée, blessée, tu t'es sentie humiliée. Alors quand tu es revenue t'asseoir à côté de moi, calme et digne en apparence, tu t'es retournée et d'un mouvement rapide et de toutes tes forces tu as frappé. Dans mon entre-jambe. J'ai eu terriblement mal, tous les hommes comprennent de quoi je parle. Mais à ce moment-là je n'ai pas regretté une seule fois. Je te pensais vexée de ne pas pouvoir renchérir, j'avais gagné et j'avais eu un spectacle des plus amusant, alors ça valait bien la peine de cette douleur qui semblait bien petite à côté de ma satisfaction. Pourtant tu n'étais pas que vexée, c'était bien pire et ça je ne l'ai compris que le lendemain. Quand je suis allé te voir, le lendemain au matin, tu m'as lancé un pot de lubrifiant ouvert sur le t-shirt. Puis je t'ai parlé, tu as crié, pleuré. Je t'ai pris dans mes bras, tu m'as frappé pendant ce temps. Ce n’était pas grave, je n'avais pas vraiment mal, j'ai une très bonne résistance à la douleur. Je m'en voulais juste de t'avoir fait du mal. Les jours suivants tu ne sortais pratiquement plus de ta chambre. Je t'apportais un plateau pour ton petit déjeuner, et comme je ne savais pas ce que tu mangeais le matin, il y en avait assez pour que tu manges à midi aussi. Puis Miami. Au début je m'inquiétais pour toi, voulais me faire pardonner. Ça a duré un jour, puis un quiproquo avec Kath à mené à un mal être chez moi, et je commençais à prendre conscience de toute la réalité que sont les mondes. Du fait qu'ils étaient désormais ma réalité, aussi oniriques soient-ils. Alors j'ai disparu 24h. Le lendemain je m'entraînais à l'escrime, j'avais repris pour initier Kath et me rendais compte que cela me serait sûrement utile dans les mondes. Tu as débarqué dans le gymnase sans prêté attention à ma présence, et ça m'allait très bien parce que je n'avais pas le moins du monde envie de parler à quiconque. Tu as frappé le sac un certain temps, puis finalement tu as fait une pause et c'est là seulement que tu m'as remarqué. Moi je continuais mon entraînement. Tu es venue, m'as parlé, j'étais caustique, sarcastique, avec tout le monde mais tu ne le savais pas. Tu l'as mal pris. Et avec un pouvoir que je ne soupçonnais pas, un pouvoir qui créait des illusions, tu as fait apparaître ma future femme. Comment aurais-je pu réagir autrement? C'était de la torture psychologique. Je n'ai jamais compris pourquoi tu m'as fait ça. Ça m'a fait si mal... Ma main m'a fait défaut, mon sabre s'est esquivé, j'ai ployé le genou, suis tombé à terre, les deux genoux au sol, prêt à recevoir le coup de grâce. Elle était là, telle que je l'avais quittée: enceinte de trois mois. Mais ça sonnait si faux. La douleur était si vive... J'ai cru qu'on m'achevait inlassablement d'une lame dans le cœur, encore et encore. Quelques secondes qui ma parurent plusieurs éternités. Pourtant je me suis relevé. La douleur fut telle qu'à la fin il n'y avait plus que la haine. Ma haine pour toi. Tu avais tenté de me détruire, ou en tous cas de me faire du mal: je t'en ferai bien plus encore, jusqu'à t'effacer de toute réalité. J'aurais pu. Je t'ai attrapée par la gorge. Tu étais petite, peut-être 1m60, et moi je dépasse le mètre 80. Je t'ai soulevée au-dessus de ma tête contre le mur et t'ai laissée t'étouffer sous ton propre poids tandis que je te crachais toute ma haine. Non... pas toute. Quelque chose en moi m'a rappelé à la vie. La haine s'est évanouie avant que je ne t'achève. Je crois que j'ai pris peur de moi-même à cet instant. Je t'ai lâché, tu es tombée au sol, toussant, la gorge douloureuse et les poumons affolés. Je suis parti sans attendre mon reste, la queue entre les jambes, et tu m'as hurlé des insultes, ou plutôt tu as essayé. Je les ai entendu mais ne les ai pas comprises. J'avais plus important à m’inquiéter: moi-même. De ça je m'en veux. Pourtant je ne m'excuserai jamais. Parce que tu ne t'excuseras pas non-plus, bien au contraire. Je me suis excusé la première fois. C'était déjà bien assez. Je m'en veux, Hayate, plus que tu ne pourras jamais l'imaginer. Mais si je te revois un jour, que tu essayes de te venger... Cette fois, je te tuerai.
Dernière édition par Dorian Macmillan le Mar 10 Juil - 8:26, édité 1 fois | |
| | | Dorian Macmillan
Messages : 16 Date d'inscription : 28/02/2018 Age : 34 Localisation : Perdu dans l'Abysse
| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Lun 9 Juil - 20:21 | |
| Ça y est. Nous avons changé de monde. Et je savais bien que j’avais perdu le fil du temps, ou bien nous passons toujours quasiment un mois entier dans l’Abysse, un des deux.
Nous sommes le soir du Samedi 7 Juillet 2018. Peut-être 21h ? Je ne sais pas. J’ai baissé les volets et éteint mon portable et je ne me rappelle pas de l’heure à la cuisine, et je serais bien incapable d’estimer l’heure à partir du temps passé dans cette pièce. Tous ce que je sais, c’est que dans 20 jours exactement j’aurai 28 ans. Et dans 21 jours cela fera 5 mois que je suis dans les mondes. Cinq mois de coma, concrètement, pour ceux que j’ai laissés derrière moi. Plus que deux mois environ avant l’accouchement, si tout se passe bien.
Ah oui, je ne l’ai pas encore dit. Les circonstances de mon arrivée ici. J’allais me marier sous peu. Je l’aimais, je lui étais fidèle, elle était belle, douce et la seule qui sache qui j’étais. La seule qui n’ait jamais voulu reprendre l’amour qu’elle m’avait donné, la seule qui ne m’ait jamais trahi, qui m’ait vraiment aimé. La seule. Et dieu sait que je lui en ai donné, des occasions de reprendre son amour, mais jamais elle ne l’a fait. La seule qui m’ait accepté pour ce que j’étais et qui me voulait et me voudra toujours tel que je suis. Entièrement. Je serais resté infidèle qu’elle l’aurait souffert si ça faisait mon bonheur. Mais mon seul bonheur c’était celui de la voir heureuse et quand j’ai compris ça j’ai cessé de la faire souffrir. Je m’étais promis que ça n’arriverait jamais plus. Depuis 17 ans que nous nous connaissons, 12 ans que nous nous aimons… Je lui ai donné 10 ans d’amour pur, exclusif, passionné, infini. Nous allions nous marier. Elle était déjà enceinte de trois mois.
Puis les mondes.
Nouvelles rencontres. Nouvelles notions. Besoin de survie. Pouvoirs. Inquiétudes. Triplés. Angoisses. Danger. Dany. Solitude. Besoin de Dany. Dany est arrivée. Et depuis je ne sais plus quoi penser. J’aime Jae. Et j’aime déjà nos triplés qui ne sont même pas encore nés. Mais Dany… C’est si… Il n’y a pas de mot. Je ne sais pas qualifier cette relation. Quand on est ensemble, j’ai presque l’impression d’être un ado. Je me sens de cet amour étrange, incertain, qui ne sait pas ce qu’il est ni où il va. Sans doute droit dans le mur. Je n’ai pas le droit de l’aimer. On le sait tous les deux. Mais parfois… Parfois j’ai envie de lui dire certaines choses, lui exprimer certains sentiments… J’aimerais pouvoir l’aimer. Je n’ai droit que de la désirer. Pour la première fois de ma vie pouvoir assouvir mon désir ne me convient pas et j’aimerais mieux un amour platonique, parce qu’être avec elle me suffit. Mais je ne peux pas l’aimer, alors je me contente de ce qu’on peut se donner. De l’amitié et du désir. Et c’est déjà un peu trop pour un homme en couple, mais je suis trop seul ici, trop usé pour refuser le peu de réconfort que j’ai bien pu dénicher… Retour à la Maison à Events.
Nous sommes ici dans la villa du Faiseur. Je ne m’y attendais pas mais quand j’ai vu ça j’ai eu un instant où j’ai cru pouvoir me sentir à nouveau bien. J’ai même changé de chambre en voyant que certaines s’étaient libérées dans la maison principale. Des nouveaux et des revenants. Quelques pertes aussi. Hyun me manque déjà, il était mon ami et ce départ si soudain, sans un mot, rien… Je me suis senti abandonné. Il faut croire qu’on n’était pas grand-chose pour lui… Que ce n’était pas mon ami… Je ne sais pas reconnaître mes amis. Trop prétendent à ce titre, trop peu savent en tenir la promesse. C’est ce qui m’a fait perdre le peu de volonté qu’il me restait alors que quelques heures plus tôt je projetais de capturer Galba pour le faire parler… Ce monde, Herculanum, était une expérience horrible. J’en reparlerai en détail plus tard.
La maison à Event. J’ai cru pouvoir me sentir à nouveau heureux pour quelques instants. J’y ai cru. Seulement le temps d’une sieste très courte et de déplacer quelques cartons. Je déplaçais le dernier, de mon ancienne chambre à la nouvelle, quand je suis tombé sur Steluna, ma petite étoile, heureuse vision, mais qui parlait à Hayate... J’étais sur mes gardes mais j’ai tenté de me montrer sympa sans non-plus prétendre qu’il ne s’était rien passé. Elle a voulu jouer à celle qui snobait. Alors j’ai voulu faire de même. Je suis allé ranger mes dernières affaires avant de revenir manger avec ma protégée. J’aurais mieux fait de prendre l’une de mes armes offertes par Ismaël. Je ne me doutais pas qu’il me faudrait me défendre pour pouvoir espérer manger ici. D’ailleurs, au final, je n’ai pas mangé. J’ai faim. Mais j’ai bien trop mal pour y penser.
Parce que oui, elle m’a encore agressé. Alors pas gratuitement, hein. J’ai lâché une pique que j’aurais préféré que ma bouche garde pour elle. Je ne l’ai pas fait exprès, c’était comme un réflexe. Mais trop tard. Joute verbale. Et comme elle est toujours aussi mauvaise perdante que le premier soir, elle a tenté de m’ébouillanter le visage. Heureusement pour mes yeux qui n’y auraient pas survécu, j’ai pu esquiver. Malheureusement pour mes jambes et tout ce qui se trouve entre, pas assez. Oui, ce déchet de l’humanité m’a brûlé les parties génitales, fort heureusement que je portais un jeans et plus ma tunique de soldat romain. Je suis brûlé quand même. Ça fait un mal de chien. Et surtout ça reste un comportement inapproprié, totalement disproportionné par rapport à la situation… Je me dis que si elle en avait eu la force physique, elle aurait tenté de me coller la tronche contre la plaque de cuisson. Ce n’est pas impossible. Elle est complètement tarée.
Mais ce n’est même pas ce qui me fait le plus mal.La souffrance physique, je m’en accommode. Je n’y suis pas très sensible et j’ai l’habitude d’avoir mal. Je me suis trop souvent battu pour que ça soit réellement gênant. Je me contente de ne pas trop me déplacer et de faire attention à mes mouvements. Combien de fois me suis-je retrouvé les mains si écorchées qu’on en voyait presque les phalanges ? Passage à tabac, nez cassé, plat de lame, accident de vtt… de voiture… et j’en passe… Je suis loin d’être un enfant de cœur, j’ai pas mal joué avec ma propre vie. Puis quand on dépasse le mètre 80, faire du sport et du muscle ne suffit plus, votre dos se rappelle souvent à vous. Alors oui, j’ai l’habitude de la douleur. Pas de la souffrance. Ça on ne s’y habitue jamais. J’ai pris un couteau. Je me suis fait une promesse. Je compte bien la tenir. Et elle m’a prouvé qu’elle était bien un danger à ma survie et mon intégrité. Je comptais l’éliminer tout de suite, le plus tôt serait le mieux. Je me concentrais avant d’attaquer la cinglée. Steluna m’a demandé ce que j’allais faire avec ce couteau. Sur le coup je l’ignorais. Mais je notais. Dany est arrivée sans que je ne la voie ni ne l’entende avant qu’elle ne pose sa main sur la mienne. Elle m’a demandé de lâcher ce couteau et pour elle je n’ai pas su refuser. Pour elle. Elle serait arrivé un peu après, il aurait fallu qu’elle esquive, encore un peu plus tard et elle serait arrivée trop tard. Je ne sais pas si c’est une bonne chose qu’elle soit arrivée maintenant. Elle aurait peut-être dû arriver trop tard. Ou peut-être les choses sont-elles bien comme elles ont eu lieu. Je ne sais pas. D’ailleurs je ne sais pas non-plus depuis quand elle observait la scène, ce qu’elle a vu et entendu. Alors je n’ai pas osé la regardé dans les yeux sur le moment. Je ne lui ai même pas donné le couteau. Je l’ai tout bonnement laissée me le prendre sans résistance aucune. J’ai eu envie de la prendre dans mes bras, de me laisser aller à la fatigue et les émotions accumulées. Je crois que j’en aurais pleuré. Mais je ne pouvais pas, pas ici et maintenant, pas dans ces circonstances, pas devant les autres, et sûrement pas Hayate. La joute verbale a repris un temps, puis je suis parti. J’en pouvais plus. Stela a fait amie-amie avec l’autre folle, puis Yudi s’est ramené aussi, j’ai encore eu le temps de voir ça et de caresser un peu la main de Dany. J’aurais voulu plus d’elle, encore une fois. Mais je lui avais dit de me lâcher. Je n’ai pas voulu lui imposer mon humeur et ma fatigue. Je me suis contenté de m’enfermer dans ma chambre seul, à clé, de fermer les volets malgré qu’il ne faisait pas encore nuit et d'éteindre mon portable. Yudel est venu. Il a essayé de me parler d’Hayate, de me parler de la "pauvre" Hayate que j’avais maltraité à Miami. Comment pourrais-je entendre une telle insulte ? Même dit avec tous les meilleurs sentiments du monde, ça m’a simplement mis hors de moi et je l’ai chassé de devant ma porte. Puis Steluna est venue ce matin. … Je préfère ne rien en dire pour le moment. Peut-être plus tard. Charlie aussi, cet après-midi. Encore une fois, je développerai sur cette visite peut-être plus tard. 08 Juillet 2018, 18h Toujours dans ma chambre. | |
| | | Dorian Macmillan
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| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Dim 28 Oct - 5:15 | |
| 12 Juillet 2018, 8h30 Dans les bois de Brin-de-Bonheur. En compagnie d’Ablette, une jument qui m’est très amicale. Quelque fois, je préfère la compagnie des animaux à celle des humains. Et j’aime venir ici, avec cette jument. J’aime profiter de la tranquillité de ce lieu et de ma compagne chevaline, de l’intimité que m’offre ce bois et du calme qui en émane. C’est reposant et ici, personne ne viendra m’interrompre dans le récit que je t’offre. Retour à Miami Je me dois maintenant de te parler, lecteur inconnu, de ce quatrième jour à Miami , le 20 Mars 2018, d’après l’iPhone qu’on m’avait fourni. Il s’y est produit un évènement qu’il te sera probablement important d’avoir en ta connaissance un jour où l’autre dans les mondes. Il pourrait bien sauver la vie à plus d’un, et surtout la tienne. La super association de Miami, c’était mon premier « vrai » monde. Mais il me faut d’abord remonter un peu plus tôt pour bien t’expliquer la situation. Si tu sais compter au-delà de trois, tu sais donc que nous sommes arrivés à Miami le 17 Mars 2018, toujours d’après nos téléphones. Ce jour-là, nous avons été accueillis par une jeune fille qui n’était apparemment pas totalement une étrangère pour tous. Héloïse Alberreith, alias Minna-chan, 19 ans et un look aussi détonnant que sa voix quand elle a voulu nous réveiller. Ceci-dit, gentille et serviable, toujours agréable, bien qu’elle ait son caractère bien à elle. Nous avons pu constater la disparition de Charline, et à la place, le retour de Charlie. Troublant, mais nous n’avions pas vraiment le temps de nous attarder sur de tels détails, il nous fallait découvrir la situation de ce monde, ses conditions, son fonctionnement. On nous a dit que nous nous trouvions dans une salle des fêtes, sur la propriété d’un certain Lucas Howards, un gars riche pour on ne sait quelle raison, fondateur de la « super association. » Que nous avions des pouvoirs, comme les X-men, qu’Ismaël nous avait déposés là sans plus de détails. Lucas nous hébergerait ici-même. Certains d’entre nous (c’est-à-dire Kath, Maël, Charlie, Hyun, Hayate et moi-même) sont allés à la rencontre de ce Lucas. Par politesse, pour faire connaissance, mais aussi pour récolter un peu plus d’informations. Car on nous avait également informés qu’un tueur en série qui se faisait appeler Réfus, doté lui aussi de pouvoirs comme les nôtres, sévissait depuis environ un an, et que cette affaire, en plus d’être un mystère sans pistes aucunes, était une boucherie sans nom qui empirait toujours à chaque meurtre. Je précise avant d’aller plus loin que j’étais doté de trois « pouvoirs » à cet instant : mes sens se décuplaient lorsque je le souhaitais, je pouvais apprendre à reproduire n’importe quelle action physique du moment que j’avais pu l’observer faire une fois, et enfin j’avais un pouvoir de régénération, ou plutôt d’auto-guérison. Les seules conditions qui m’étaient imposées pour pouvoir en bénéficier étaient d’être allongé mais conscient. Nous avons donc trouvé ce Lucas. C’était un homme brun, de taille moyenne. Banal. Tout était banal chez lui, mise à part sa fortune, je suppose, bien que ça, je ne saurais pas vraiment en juger, de par mon propre statut social. Mais justement, il semblait un peu trop normal pour moi, trop gentil. Et je ne dis pas ça à cause de l’air intéressé qu’il avait lorsque c’était moi qui lui parlait plutôt que Kath ou Charlie (même si c’était un peu gênant, il faut l’avouer.) Non, rien à voir. Ce n’était pas la première fois que je vivais pareille situation et ce ne serait pas la dernière non-plus, je le savais déjà bien à ce moment. Mais il était trop gentil, trop « propre sur lui », trop simple. Dès le début, il m’inspira la méfiance. Puis il posa des questions au sujet d’Ismaël. D’un côté, ça peut se comprendre, on débarquait à 25 chez lui, tous dans les vapes, avec pour seul garant un mec random qui lui sortait un "Hey! Héberge-les stp! Merci. Bisou." Et d’un autre, c’était déjà un peu louche. Mais la plupart d’entre nous passèrent l’éponge. Personnellement, je gardais ma méfiance dans un coin de mon être, en réserve. Je ne voulais pas crier au loup trop tôt, peut-être cette fois mon instinct me trompait-il ? Si j’avais su… Peu après, même journée, j’ai proposé à Katherine de lui donner quelques cours d’escrime. Elle avait parmi quelques autres pouvoirs celui de pouvoir matérialiser des armes blanches de tout type et de toute taille de son corps. J’ai fait un certain nombre d’années d’escrime, et même gagné un prix étant plus jeune. C’est donc naturellement que j’ai proposé à mon amie, à défaut de pouvoir profiter également de son pouvoir, d’apprendre à se servir d’une arme plus mortelle qu’un canif. Une lame à une main. N.B.: Plus tard, Dany s’ajouta à la liste de mes « élèves ». Si j’avais su ce qui allait se passer juste après ce premier cours, je me serais abstenu de lui proposer quelque sortie que ce soit. Il y eu un malentendu. Peu important. Mais suivi d’un malentendu bien plus gênant. J’ai gambergé sur cet évènement, en soit pas si grave. J’avais été extrêmement maladroit dans certains de mes propos, et je m’en voulais de ça. C’est quelque chose que je déteste, être maladroit, aller trop loin, trop vouloir expliquer, justifier, parfois, aussi. Ça m’arrive souvent, à l’oral. N’ayant pas vraiment grandit avec « le commun des mortels », dirons-nous, je suis parfois un peu à côté en ce qui concerne la réalité de la plupart des gens. Mais là j’avais carrément paniqué et dit n’importe quoi. Finalement je m’en voulais tellement que mon comportement n’a fait qu’empirer, parce que j’ai réfléchi à d’autres choses, commencé à me poser des questions, à ressentir la colère. Je me suis disputé avec Katherine en plein milieu de la nuit, sur le parvis de notre logement en commun. Au point de partir sans laisser de trace. J’ai disparu quelques 18h, ne suis rentré que le lendemain en fin de journée, esquinté, affamé et épuisé. Je ne crois pas avoir vraiment dormi… La vérité sur ces 18h, une vérité que personne d’autre n’a jamais su avant toi, c’est que j’ai passé tout ce temps à écumer les bars. Mais pas n’importe lesquels. Quand on connait les bonnes adresses, on sait où trouver les choses les plus clandestines d’une ville. Je connaissais très bien Miami. J’ai passé le reste de ma nuit et jusqu’au petit matin à me battre en combats clandestins et me soûler dans les bouges les plus glauques de la « Magic City.» J’ai trouvé du shit aisément, aussi. Il faut dire que dans ce genre d’endroit, ce n’est pas ce qu’il manque, les dealers. Voilà pourquoi je ne suis pas rentré au petit matin. L’état dans lequel je me trouvais ne me le permettait pas, et quand bien même, je ne voulais pas montrer cette facette de moi-même à qui que ce soit de mon groupe. J’ai fini… Je ne sais même plus comment j’ai fini, à vrai dire. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’à mon « réveil », la plupart de mes blessures avaient disparues, que j’étais plus proche du clochard que du gentilhomme, et que je marchais en direction du manoir d’Howards. J’étais même à la jonction de Little Havana et Little Haïti. Aucune idée de comment j’étais arrivé là, sans doute quelqu’un m’avait-il ramassé dans un caniveau quelconque et appelé un taxi après avoir vérifié mon adresse dans mon portable. Tout ce que je savais en cet instant, c’était mon chemin, et que le soleil commençait lentement à se coucher. Puis d’autres choses me sont revenues sur le chemin du retour. Au final j’avais presque l’air normal en arrivant. J’étais quasiment totalement redescendu, au point de pouvoir me montrer sarcastique avec un gosse qui pensait se montrer intelligent à vouloir s’occuper de ce qui ne le regardait pas, puis à me menacer. Kuro, évidemment. Il aura vite déchanté, celui-là, ne m’aura pas cherché bien longtemps.
Après quelques jours étranges, en froid avec Kath, déchiré entre la volonté de renouer et l’incapacité de mettre des mots sur nos maux, et surtout les miens, je me suis retrouvé à regarder les étoiles en me bourrant la gueule au whisky au pied d’un arbre. Enfin… Pas tout à fait. C’est Charlie qui a bu. Je m’étais vaguement pris le bec avec elle pour la première fois, peu avant ma disparition momentanée, et depuis on ne s’était plus adressé la parole. Pourtant ce soir elle venait s’asseoir à mes côtés, me taxer une clope, boire à la bouteille que je venais de m’acheter et me parler. On en avait besoin tous les deux, apparemment. Elle m’a dit des choses que je savais déjà. Mais bizarrement, les entendre dire de la bouche de quelqu’un d’autre, et d’une « ancienne », qui plus est… Je ne saurais pas vraiment l’expliquer, mais ça a comme éclairci les choses, après coup. Je me sentais enfin mieux.
Mais avant de m’en rendre compte, j’ai dû vivre autre chose. Alors que nous discutions, un message à été envoyé à l’attention du groupe entier. Réfus avait commis un nouveau meurtre.
12 Juillet 2018, 21h45 Ma chambre. Nous étions donc le 20 Mars 2018, d'après la date sur l’iPhone qu'on m'avait fourni. Ce soir-là, Réfus avait commis son premier meurtre en notre présence. Et moi j'ai pour la première fois utilisé mes sens surdéveloppés à bon escient. J’avais commencé à prendre conscience de la réalité de ma situation. Que tout ça n’était pas exactement le jeu que j’avais cru. Que je ne rentrerais probablement pas à temps pour mes enfants. J’ignorais encore que mon corps sur Midgard était dans le coma, mais j’en savais assez pour savoir que pour moi, c’était la merde. Et j’étais maintenant là, dans ce taxi, serré entre Charlie, Kath, et un homme asiatique d’environ mon âge dont je ne connaissais pas même le son de la voix. (Un certain Li-Han, je l’appris peu après.) Et nous étions en route pour une scène de meurtre particulièrement sanglante. Avec Kath et moi qui nous évitions soigneusement du regard, Charlie qui essayait d’ignorer le malaise dans ce taxi et Li… Qui ne devait pas trop savoir ce qu’il foutait là, sans doute ? Arrivés sur les lieux, un peu de sérieux. Charlie s’est adressée au flic chargé de l’affaire, et ne me trouvant guère utile à ses côtés, et surtout mal à l’aise d’être cette fois reluqué par le sexfriend de notre cher Lucas, je décidais d’aller plutôt voir la scène de crime directement. Un corps défiguré, le crâne défoncé. On pouvait juste voir qu’elle était habillée pour une soirée, apprêtée, coquette. Blonde, sans doute une belle aux yeux bleus, comme toutes les victimes de Réfus. Mais étrangement, pas assez de sang. Le corps était bazardé dans les poubelles mais il n’y avait vraiment pas assez de sang malgré l’horreur de la scène, pour ce qu’avait subit le corps. Il y aurait dû y en avoir partout, hors les environs présentaient toutes sortes de miasmes mais pas de sang, juste un petit peu sur le cadavre. J’utilisais déjà mes sens à cet instant. Je n’eus bientôt plus qu’à suivre l’odeur, celle du sang. Elle était si forte… j’avais presque l’impression de sentir le goût du fer sur ma langue. Il y en avait partout, une vraie boucherie, une piscine de sang à la place du sol, dans une ruelle sombre un peu après les poubelles dans lesquelles on avait trouvé le corps. Pourtant elle n’était déjà plus vivante quand il l’a battue et dévisagée car personne n’avait rien entendu. Il y avait une caméra dans cette ruelle, les flics ont récupéré l'enregistrement, mais au final nous ne l'avons jamais vu. Ce n'est pas très grave, à part voir une scène gore et ultraviolente, ça n'aurait pas servit à grand-chose en vérité. Il faisait ça à chaque fois. Je retournais plutôt voir le corps avant qu'ils ne l'emmènent pour l'autopsie. Cette vision... Étrangement, ça ne me choquait guère. J'étais si impliqué et concentré dans mes recherches que j'avais l'impression d'avoir fait ça toute ma vie, que ce n'était qu'un corps de plus, que je voyais ça tous les jours. Je n'étais ni choqué, ni dégoûté. J'avais plutôt de l'empathie pour cette pauvre fille. J'aurais voulu pouvoir l'aider. Et je ressentais aussi une sorte de fascination à observer la rigueur du processus qui transparessait dans ce qui semblait être pure barbarie. Enfin, par-dessus ces deux sentiments, il y avait la curiosité: je voulais comprendre. Comment? Et pourquoi? Je ne savais pas quelle réponse m'importait le plus mais j'avais besoin de les trouver. Je le ressentais comme quelque chose de vital, il fallait que j'obtienne ces réponses. Et alors que je voulais savoir de tout mon être, je fixais celle qui n'était plus. Si seulement nous pouvions parler... C'est là que c'est arrivé. Comme un flash, une réponse à une sorte de prière. En un instant l'accord était passé, cette somme pour ce pouvoir. En échange de 14 points, je pouvais soigner les autres à condition d'être moi-même blessé. Malheureusement, je n'eus pas à essayer. Je savais déjà, dès lors que j'avais ressentit ce nouveau pouvoir en moi, que pour elle il était trop tard. Je pouvais soigner. Mais des cellules mortes, je ne pouvais pas les régénérer. Ce corps sans vie ne nous était vraiment plus d'aucune utilité. Ma déception était grande, mais j'étais tout de même dans une sorte de joie: j'avais acquis un nouveau pouvoir, je me sentais utile... Et j'avais trouvé une occupation qui me permettait et même me forçait à mettre de côté tout le reste. Mes soucis n'avaient plus leur place dans mon quotidien, je devais me concentrer sur bien plus important: la survie. Suite à ça, alors que Kath et Li étaient déjà repartis avec le taxi, Charlie et moi rentrâmes à pied, ce qui nous permis sur le chemin de discuter de l'enquête. Nous continuâmes cet entretien jusqu'aux aurores, Charlie notait tout dans son carnet, et c'est d'ailleurs là qu'il me parut utile que je fasse de même. Puis elle posta sur le serveur Discord du groupe un long rapport sur tout ce que nous avions dit. Elle aussi se méfiait de Lucas et m'appris d'ailleurs une information qui plus tard fut cruciale: Lucas Howards avait le don d'ubiquité. Au final, après de nombreuses péripéties que je relaterai sans doute une autre fois, il s'est avéré que Lucas était bien Réfus, le tueur. Il avait enlevé Charlie et attendait notre venue avec impatience. Mais ça aussi, je le raconterai une prochaine fois. Tout ça pour t'apprendre, bien qu'en vérité il n'y ait pas qu'une leçon dans ce << chapitre >>, que si un jour tu as besoin de quelque chose, ou que tu le désires réellement, penses au Faiseur. Il viendra, et contre un bon prix, il te donnera ce que tu cherches. Évidemment, comme pour tout achat, tu dois avoir la somme requise. Veille à tes points, tu peux en gagner grâce aux missions qu'il te donne, entre autre, et dépense-les justement. Mais penses-y si un jour tu n'as pas d'autre choix. | |
| | | Dorian Macmillan
Messages : 16 Date d'inscription : 28/02/2018 Age : 34 Localisation : Perdu dans l'Abysse
| Sujet: Re: Notes pour trop tard. Jeu 20 Déc - 3:01 | |
| Je ne sais plus du tout quel jour nous sommes. Ici, dans la Cité-Horloge de Nuuk, nous sommes le soir du 16ème jour de notre arrivé. Car oui, nous avons changé de monde. Il y a 16 jours, donc.
Et Ismaël nous a séparés, Dany et moi. Je ne peux même pas la contacter. Enfin… La vérité c’est que je ne sais pas si on ne peut VRAIMENT pas contacter les autres ou si c’est juste mes lacunes en technologies qui font que je ne trouve pas le truc. Mais en tous cas, je n’ai personnellement aucun moyen de la contacter. Et en même temps elle est censée se trouver dans le monde de Mulan façon Disney (si j’ai bien compris.) donc rien d’étonnant à ce que je ne puisse pas lui parler… N’empêche qu’ils ont écrit une lettre à Charlie, les autres, pour dire que ça va. Donc apparemment Dany avait pas plus que ça envie de me parler non-plus. De la nature humaineJe ne sais pas vraiment comment te l’expliquer… C’est un phénomène étrange… Mais au fond, ça ne change pas de Midgard. On appelle ça la nature humaine. Dans les mondes, tu seras toujours entouré. Et pourtant, au fond, toujours seul. Tu te lieras à certains, même si tu essayes de l’éviter. C’est irrémédiable. Et parfaitement logique. Tu vivras jour et nuit avec le même groupe, qui changera parfois, plus ou moins régulièrement, mais assez lentement pour que l’on puisse dire « même » groupe un certain temps. Donc forcément, comme tout Homme, car l’Homme est un animal fait pour vivre en société, tu te lieras à eux. Tu partageras peines et joies, ton quotidien comme l’extraordinaire. Tu auras sans-doute des coucheries, parce que tu n’es pas fait non-plus pour vivre sans sexe, animal toujours prêt à te reproduire. Tu as besoin d’affection et de sexe presque autant que de nourriture et d’eau fraîche. Tu te sentiras peut-être très proches d’eux. Sans doute, en fait. Méfie-toi. Plus que jamais, méfie-toi, voyageur. Ne compte jamais que sur toi. Sache qu’ici, tout le monde peut te planter un couteau dans le dos à chaque instant, alors qu’ils parlent tous de s’entraider. Et surtout, ne t’implique pas trop dans la survie. Laisse faire les autres. Ça t’évitera le stress, la fatigue, tu ne mettras pas ta vie en danger pour des gens qui n’ont ni reconnaissance ni respect. Et tu t’en sortiras toujours. Parce qu’ici ce sont ceux qui s’impliquent le moins, ceux qui laissent faire d’autres pour eux, qui s’en sortent le mieux. Si possible, ne parle pas aux autres. Ou fait croire que tu t’actives, fait croire que tu t’intéresses mais assures-toi bien de ne rien faire par toi-même. Ainsi tu t’épargneras bien des peines. En clair : ne fait pas la même erreur que moi. Je suis fatigué de faire pour les autres et de n’avoir en retour que sarcasmes et mauvais traitements. Certes, je ne fais pas toujours les choses exactement comme il faut, surtout quand il s’agit de s’adresser à eux. Mais en attendant c’est mon travail qui leur sauve les miches. Toujours moi qui enquête, va à la pêche aux infos… Quitte à mettre ma vie en danger. Plus d’une fois c’est arrivé. Je suis aussi une épaule pour pleurer, une silhouette derrière laquelle se cacher. Mais quand il s’agit de m’aider… Ah… Les gens n’ont plus l’habitude de devoir se servir eux-mêmes, ils ne connaissent pas le vrai sens de l’amitié. Ils prennent l’habitude de se reposer sur les efforts des personnes comme moi. Ne soit pas loyal envers tes "amis", ne cherche pas à les soutenir, ne cherche pas à les faire progresser, à les protéger de rien, ni même à les consoler. C’est toi qu’ils détruisent sans même s’en rendre compte. Et à la fin ils te remercient en te crachant dessus. Parce que la vérité a été blessante. Trop blessante à leur goût. Alors ils préfèrent te dire que tu es ce genre de personne qui fait se suicider les autres. « Tiens, manges-toi ça dans la gueule ! C’est toi qui tues tes amis.» Je ne dirais pas que « l’enfer, c’est les autres. » Parce que Sartre ne l’entendais pas comme ça. C’est bien, contrairement à ce que Sartre prétend, parce que je ne me soucie guère de ce que les autres pensent de moi qu’ils sont mon enfer. Je ne me soucie pas de la bienséance pour aider un ami. Et c’est ça qui les font se retourner contre moi. Parce que plutôt que de les prendre avec des gants en ayant peur de les blesser, je leur dis ce qui les fera avancer, ce qu’ils doivent entendre. Et en échange ils me rejettent. Ce n’est pas nouveau. J’ai l’habitude. Enfin… Je l’avais. J’avais oublié cette douleur-là au fil des années. Parce que depuis des années je n’avais pratiquement plus que ma compagne, parce que je refusais de revivre ça encore une seule fois, et pourtant j’étais moins seul durant toutes ces années qu’aujourd’hui alors que je suis censé avoir tant d’alliés qui en fait n’en sont pas. C’est comme ça que tu te retrouveras seul. Et que tu en viendras à te demander si le suicide ne serait en effet pas plus simple. Pour toi. Aucune garantie que tu te réveilleras dans ton vrai corps, dans ta vraie vie que le Faiseur de Mondes t’as prise sans te demander ton avis. Mais s’il y a une chance… Personnellement, la moindre petite minuscule chance de retrouver ma place entre la femme qui m’aime et les enfants que nous avons voulus et conçus ensemble… Plutôt que ce monceau de haine gratuite et d’incompréhension stupide. Absurde. Parce que oui, les gens sont stupides. Et lents. Mais surtout absurdes. Et plus ils sont nombreux plus ils sont stupides et lents et absurdes, et ils ne regardent jamais que leur petit nombril. Ne tends jamais la main à personne. Si tu en arrives là, tu oscilleras entre l’idée de ne plus rien faire, les laisser crever tous un par un et te délecter de ce spectacle, parce qu’ils l’auront bien cherché, à te dénigrer, à dénigrer tes efforts. Tu te diras même que si tu as de la chance et que tu es d’humeur généreuse, tu les achèveras toi-même d’une balle à bout portant ou d’un coup de lame dans la carotide, qu’ils ne souffrent pas trop non-plus, mais que tu puisses les regarder dans les yeux, qu’ils puissent se souvenir pourquoi à cet instant c’est ton image qui s’inscrit dans leurs pupilles. Juste avant leur dernier souffle. Ou si tu partiras avant. Si tu t’autoriseras le repos... ? Oh ! Si tu choisis ça, ils vont faire comme s’ils t’aimaient vraiment, après. Je l’ai vu, ils font comme s’ils étaient tristes, au point d’y croire eux-mêmes. Mais ils sont si odieux quand tu es là. Ils regretteront. Les regrets, c’est seulement bon pour ceux qui ont besoin de se donner bonne conscience. Crois-en un expert en la matière. Et puis tu n’auras pas besoin de te suicider, il suffira de demander à rentrer. Mais quand Ismaël ne se présente pas à toi, il ne te reste qu’une seule solution pour partir. Alors que faire ? Que veux-tu faire ? Le pour et le contre sont équivalents. Risquer de perdre ta vie, ou ton humanité ? Tout ça c’est 50-50. Un choix cornélien dont tu ne peux jamais être sûr de l’issue. Ici, pas de probabilité, pas de hasard, pas d’équation. Juste deux inconnues sans solutions que l’expérimentation. Mais si tu ne veux pas tout perdre, tu ne peux en choisir qu’une. À toi de voir laquelle. Ou alors… Une troisième porte de sortie. Laquelle ? La drogue, bien sûr. Moi, c’est ce que j’ai choisi. Il est 15h passé et j’en suis à mon deuxième shoot de la semaine. Au début j’ai juste voulu… M’échapper. Penser à autre chose. Me sentir bien. Ce que j’ai pris, c’est parmi tout ce qu’on m’a proposé dans ce monde ce qui se rapproche le plus du crystal meth. Ouais, comme dans Breaking Bad, ouais. Sauf que là c’est pour de vrai. Et c’est plus fort et plus dangereux. J’écris en plein trip. Après un drame qui a conduit à 8 ans d’abstinence totale, il m’a pas fallu plus de 6 mois dans les mondes et une seule dose pour replonger. Je sais parfaitement ce que je fais mais maintenant c’est trop tard pour regretter. Je me demande si en quittant ce monde je pourrais me démerder pour éviter le sevrage total en prenant une drogue de remplacement, même si elle est moins forte, ou si je serai obligé de revivre ça. J’ai pas envie. J’ai pas envie d’arrêter maintenant que j’y suis à nouveau accro. De toute façon ça me flingue que dans les mondes, pas vrai ? Alors c’est pas bien grave. Je peux bien me détruire lentement ici, qu’est-ce-que ça peut faire ? Ils ne méritent pas mon aide, j’aime autant ne même pas être en capacité de la leur apporter. Comme ça ils ne compteront pas deçu. Et leur jugement, leurs regards je m’en contrefous. Et au moins je ne pourrai plus décevoir quiconque, comme ça. Tu dois te dire que celui qui a écrit ces lignes est un sacré connard. Tu n’as pas tort. Pourtant tu verras, quand tu n’auras pas suivi mes conseils... Car toi aussi, et peu importe ton genre, au fond tu n’es qu’un Homme. Profite bien ! « Bisous ! » | |
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