Pour la défense de l'humanité

(Une note manuscrite apparaît sur la couverture intérieure du pamphlet.)

Des idées dignes d’intérêt mais tout ce qu’il y a de plus hérétique.

-Moncrieff



    Depuis la nuit des temps, on nous a appris que l’Etreinte était la plus lumineuse des bénédictions que Dieu pouvait nous accorder.
Nous avons laissé les Humains nous vénérer tels des êtres divins, espérant un jour faire partie des nôtre.


    Mais nous autres, Vampires, savons également que c’est la souffrance qui fait leur force. C’est en luttant chaque jour pour leur survie qu’ils prouvent à Dieu qu’ils sont dignes de lui.
La suffisance ne peut enfanter que la faiblesse.


    Et qu’est-ce que l’Etreinte si ce n’est son ultime excuse ?
Les Vampires ont presque tout oublié de la peur de la mort. La faim et la soif nous sont inconnues.
Nous pouvons marcher sans rien craindre sous le froid ou la chaleur extrême. Nous avons oublié ce que blessure et maladie signifient.


    Un Vampire ne sait plus ce qu’est la souffrance. Sa vie n’est qu’aisance et confort.
Lanternant en-dessous de la lune, nous n’avons rien d’autre à faire que de gausser des douleurs humaines, tendant parfois vers eux une main condescendante d’un adulte assistant un enfant.
En acceptant notre aide, ils deviennent faibles, espérant à chaque épreuve qu’un Vampire providentiel et salvateur volera à leur secours.


    Observer la Castelli Gallery à New York suffit à constater vers quels excès tend le mode de vie Vampire.
Plutôt que de mettre leur immortalité au service de Dieu et de la Terre, les clans de Castelli passent leur éternité à festoyer.
Malgré cela, jamais les Sires ne les réprimandent. Cela, en effet, ébranlerait les fondations même de la puissance de la Principauté.


(la page suivante porte une autre inscription manuscrite.)

Tissu d’inepties. Lecture rigoureusement inutile.

(le reste de la page est recouvert d’encre.)


    Les Vampires peuvent paraître fort, mais au fond, ils ne sont que des coquilles vides. Après des décennies de laisser-aller, ils sont devenus aussi faibles et décadents que les Hérétiques.
L’Etreinte rend certes puissant, mais cette puissance n’a rien de méritée. Telle n’est pas la voie des Humains.


    Nous ne devons plus nous considérer comme des exemples à suivre. Nous devons nous considérer comme ce que nous sommes réellement : les pions de Dieu.
Nous avons été créés pour combattre les Bêtes, non pour rendre nos vies meilleures.
S’il arrive que les Humains attendent des Vampires qu’ils résolvent leurs problèmes, Dieu ne verra en eux que des faibles doublés de paresseux.